Publié par Victor Thomas le 11 avril, 2023
Bonjour Camille, qui es-tu ? :)
Camille Rougelot, voyageuse passionnée du non planifié, je pourrais passer ma vie à barouder…. mais pour rendre tout cela possible, car je ne suis malheureusement pas rentière, j’ai crée LaLigne, agence de communication corporate et RH en 2016. J’aide mes clients à définir leur plateforme de marque employeur et les accompagne dans leurs problématiques de visibilité on et offline.
Tout quitter, partir vers l'inconnu, créer un jeu, peux-tu nous en dire plus sur ton projet ?
Toute cette belle histoire a véritablement commencé le 3 janvier 2015. Directrice de clientèle dans une agence de communication corporate et RH pendant sept ans, j’ai ressenti comme beaucoup “l’envie de changer”. Et c’est ce que j’ai fait. J’ai démissionné, rendu mon appartement parisien, donné tout ce que j’avais à des associations et me suis envolée le sac à dos vide mais le coeur rempli.
Mon périple n’avait rien de tracé. Munie de mon passeport et d’un backpack de 30L, je me suis envolée pour Kuala Lampur, première étape de ce voyage qui restera gravé en moi à jamais. Sans vol retour, j’avais en tête de rejoindre la France par la Terre. Malaisie, Vietnam, Thailande, Laos, Cambodge, Birmanie, … J’en ai vu du pays. Restant plusieurs jours voire semaines au même endroit, j’ai pu m’imprégner de la culture et de l’énergie des pays dans lesquels je suis passée, jusqu’à m’installer 1,5 ans en Chine.
Mes 270 jours de backacking à travers l’Asie du Sud-Est m’ont offert ce qu’il y a de plus important, l’instant présent. Partie sans appareil électronique, mes meilleurs guides touristiques furent les autres voyageurs rencontrés au grés du chemin; sans GPS, mon meilleur map fut les locaux questionnés à chaque croisement; sans traducteur électronique, j’ai du me débrouiller pour me faire comprendre… c’est dans ce contexte que l’idée de Close Up a germé.
Je voulais permettre à d’autres de faire l’expérience du véritable voyage, celui qui ne se limite pas à cocher sa bucket list, celui qui ne se planifie pas mais se vit, celui qui vous fait vibrer….
Peux-ton parler d'une démarche et d'un voyage éco-responsable ?
Avec la prise de conscience - certes tardive mais ô combien essentielle - de l’importance de prendre soin de notre planète, le transport aérien est pointé du doigt. Nous savons tous que l’avion a un très gros impact sur notre bilan carbone; pour autant, je ne suis pas pour un renoncement total de ce mode de transport. Je favorise le train pour mes déplacements en France ou dans les pays frontaliers, mais agir - pour moi - se conjugue toujours au pluriel : agir pour l’environnement, agir pour les êtres vivants, agir contre la précarité… et le tourisme est un puissant levier économique pour bon nombre de pays en voie de développement.
Ca ne répond pas vraiment à la question, mais je trouve important de comprendre que lorsque l’on achète une coque Iphone à 3€ sur Amazon, elle nous est envoyée de Chine par avion; alors tant qu’à polluer autant être assis dans cet avion, non ?
Dans une véritable démarche éco-responsable en voyage - mais plus largement dans ma vie de tous les jours - je consomme local. Une fois la question du transport aérien réglée, je mets un point d’honneur à utiliser les transports publics locaux, à manger dans des restaurants servant de la nourriture locale, à préférer l’auberge de jeunesse au camping sauvage,… pour favoriser l’emploi et aider les populations sur place; et dans mon sac à dos, il n’y a que des produits responsables, comme les produits d’hygiène Paos par exemple. D’ailleurs point important, je ne prends pas des douches plus longues parce que “ce n’est pas moi qui paye” :-)
Enfin, je m’efforce de favoriser des expériences “responsables” : je participe à des cleaning-dives, je ne vais pas louer de jet ski ou de quad mais vais plutôt préférer de longues marches. Voyager responsable, c’est aussi, accepter de prendre son temps !
Quels sont tes prochains projets, prochains voyages ? Comment sélectionnes-tu tes destinations ?
Vivant entre la France et l’Asie pendant 5 ans, le covid m’a un peu coupé les ailes; mais cet événement m’a également permis de me sédentariser un peu; et j’ai ainsi redécouvert les joyaux de notre beau pays. Cette année, je me lance le défi de partir en cyclotourisme; un projet qui - bien qu’il me fasse sortir de ma zone de confort - m’excite beaucoup.
Je ne sélectionne pas réellement les destinations à venir, c’est la vie qui les amène à moi. Pourquoi pas rejoindre en fin d’année, une amie qui s’est installée au Mexique et je pousserai certainement un peu en Amérique du Sud, continent que je connais moins…. sauf si l’Asie me rappelle … rien n’est moins sur.
As-tu des petits tips de baroudeuse expérimentée à nous partager ?
Excellente question, je vois fleurir depuis quelques années les blogs ou comptes insta de voyageurs remplis de conseils et c’est très bien. Cela permet aux voyageurs les moins confiants de se rassurer, mais c’est vrai que moi, ce que j’aime particulièrement dans le fait de voyager, c’est de découvrir, d’en prendre plein la vue, de tomber de ma chaise. Je pratique donc ce que j’appelle le Flow Tourisme. Je suis le flow des rencontres, des envies, je laisse la vie tracer mon chemin.
Le seul conseil que je pourrais donc donner à vos lecteurs, c’est de vous laisser vivre :
- Ne réservez pas toutes vos nuitées à l’avance; un lieu va peut-être tellement vous plaire que vous souhaiterez y rester une ou deux nuits de plus; ou à l’inverse, vous ne sentirez pas l’énergie de la ville ou de l’hôtel que vous aviez sélectionné sur internet et serez content de pouvoir en partir au plus vite.
- Ne planifiez pas tous vos déplacements à l’avance : en toute logique avec le point précédent.
- Ne sautez pas sur votre téléphone portable à chaque complication : interrogez les gens que vous croisez, c’est le meilleur moyen de toucher du doigt la culture du pays. Et si la communication est difficile, utilisez CloseUp (Un peu d’auto-promo tout de même)
- Faites des expériences : testez les mets locaux, challengez-vous, sortez de votre zone de confort, allez à la rencontre des habitants, …
- Conseils plus pratico-pratiques : partez avec une tasse (hyper pratique pour vous préparer des cafés sur le pouce), ne laissez jamais votre passeport en caution (prévoyez des copies papiers), vérifiez bien vos conditions d’assurance avant de partir et si vous êtes un peu fragile, dans certains pays, évitez de manger cru ou trop huileux.
- LE PLUS IMPORTANT : PRENEZ DU PLAISIR !
Pour conclure, je dirai qu’il est essentiel de se fondre dans la masse : vous aurez toujours plus de facilité à vous faire aider en cas de besoin en étant “comme tout le monde”. C’est la grande différence entre un touriste et un voyageur.
Je vais donc conclure cette interview avec une petite anecdote. En février dernier, je suis partie en Thailande avec une amie et nous avons décidé de réaliser la Mae Hong Son Loop en moto; une boucle de près de 2000 Km dans le Nord-Ouest du pays. Alors que beaucoup auraient loué une grosse cylindrée pour plus de confort et pour aller “plus vite”, nous avons privilégié des Honda 125 cc, les petites motos semi-automatiques typiques de l’Asie du Sud Est. A la fin de notre périple de 10 jours (100% flow tourism of course), nous nous sommes fait rattrapées par la saison des pluies. Après une centaine de kilomètres parcourus sous des trombes d’eau, nous nous sommes arrêtées pour respirer et évaluer la situation. La portion de route restante était beaucoup plus passante, utilisée notamment par de nombreux poids lourds et d’énormes piscines commençaient à se former sur les bas-côtés; il devenait donc trop dangereux de circuler en deux roues. Pour que le voyage reste un plaisir, il faut savoir évaluer les risques et ne pas se mettre en danger inutilement. Avec l’aide de locaux jouants les interprètes pour nous, nous avons réussi à embarquer nos deux scooters dans un Songthaew (petit bus local en Thailande) qui nous a déposé dans le centre ville de Chiang Mai toutes trempées mais en sécurité.
J’ai appris une chose lors de mes différents voyages, l’être humain est par nature bienveillant et enclin à aider ceux qui se retrouvent dans les mêmes galères que lui. Vous comprenez maintenant l’importance en voyage de penser, agir et consommer comme les habitants du pays que vous découvrez.